La pharmacie de demain
C’est d’après une étude réalisée par Satisfarma et Opinion Way pour PharmagoraPlus auprès de 4 043 patients, 521 pharmaciens et 197 équipes officinales en ce début 2017 que l’on peut s’apercevoir des mutations imminentes du secteur de la santé. Pour mieux appréhender les enjeux de la pharmacie du futur, le pharmacien doit s’imposer comme acteur de santé prioritaire. Ce sondage révèle corrélations et clivages entre les attentes des patients et le ressenti des pharmaciens.
Avec un marché de la santé en pleine croissance, le pharmacien devient un acteur incontournable dans la médecine de proximité. Ce ne sont pas moins de 99% de Français qui déclarent avoir confiance en leur pharmacien, même s’il s’agit d’aborder des questions à propos de maladies graves ! Et c’est parce que l’officine possède une crédibilité inédite auprès des patients que son rôle est amené à subir une profonde réflexion et une adaptation aux nouveaux modes de consommation de la santé.
Outre la désertification médicale et le vieillissement de la population qui viennent compliquer le parcours de soin, les Français sont nombreux à s’inquiéter des problèmes d’inégalités sociales et de gestion budgétaire. A l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, ils sont nombreux à souhaiter que la pharmacie devienne le facilitateur de la santé au quotidien avec notamment le recours aux nouvelles technologies. Grâce à sa proximité, la pharmacie pourrait être le pivot de la relation patient-médecin.
Depuis 20 ans, les besoins des patients ont évolué au même rythme que leur environnement technologique. L’utilisation des objets de santé connectée est devenue aujourd’hui une réalité qui tend à se développer de manière exponentielle. La santé connectée est un vecteur d’optimisation de notre parcours de soin : elle nous permet d’améliorer le dépistage des maladies, de maximiser la prévention et d’enrichir le suivi patient.
De nombreux outils existent déjà pour aider les professionnels de santé à proposer un meilleur traitement plus adapté à chacun : bracelets, balances, montres, fourchettes, brosses à dents, piluliers… Mais la santé connectée n’englobe pas seulement le marché des objets connectés, il recouvre aussi tous les dispositifs permettant au pharmacien d’optimiser sa prestation de services : logiciels, appareils médicaux, etc.
Au cœur de ce marché entre santé et technologie, le développement des services en pharmacie est attendu par les patients, même si ces derniers ne sont pas encore prêts à mettre la main à la poche.
C’est l’étude sur les pharmacies de demain de PharmagoraPlus qui nous éclaire sur un décalage certain entre les attentes des patients et le ressenti des équipes en officine. Parmi les personnes interrogées, plus de la moitié des patients s’avouent non-observant dans la prise de leur traitement médicamenteux. Oublis, retard, effets secondaires… Les causes de la non-observance mettent en lumière le rôle que la pharmacie pourrait avoir à jouer. Par ailleurs, pour encourager l’observance :
Les Français s’emmêlent parfois les pinceaux au cœur des démarches administratives qui incombent à leur parcours de soin. Ainsi :
Il a été prouvé que l’ordonnance électronique serait en mesure d’améliorer l’observance des traitements en permettant aux patients de mieux suivre leur traitement sur le long terme. Encore peu répandue en France, elle est au cœur des nouvelles expérimentations enclenchée dans le cadre de la mise en place du Dossier Médical Partagé.
Dans les Hauts-de-France, un dispositif a néanmoins été lancé. Appelé « Ordoclick », cette application de santé mobile va aider le patient à respecter sa prescription.
Les plus du projet « Ordoclick » :
Aussi, les pharmaciens aimeraient voir leur rôle évoluer :
Bien que les Français pensent que le contact avec leur médecin généraliste est relativement simple (74%), presque la moitié d’entre eux seraient prêts à confier la prise de leurs rendez-vous médicaux à leur pharmacien. D’ailleurs, 92% des personnes interrogées sont convaincues de l’importance d’une bonne communication entre l’officine et les différents professionnels de santé.
Prendre son traitement peut parfois s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît. Manque d’informations, de compréhension, médicaments inadaptés… C’est dans ce cadres que les équipes en officine pourraient prendre le relai des professionnels de santé et proposer aux patients des entretiens de 15 minutes, notamment après un retour d’hospitalisation. Ce moment, jugé utile par 66% des patients et 90% des pharmaciens, pourrait permettre à chacun de poser ses questions et de préparer son retour sereinement.
Le pharmacien de demain n’est pas seulement plus investi dans sa relation avec le patient, il est également de plus en plus proche des nouvelles technologies au cœur de son expertise. Quel point de vente serait plus logique que la pharmacie pour vendre des dispositifs de santé connectée ? L’objectif de la pharmacie de demain est aussi d’être au cœur du développement de ce marché.
C’est pourquoi l’on voit de plus en plus des entreprises (comme iHealth) qui proposent aujourd’hui des formations des équipes médicinales et des sessions de e-learning pour démocratiser l’apprentissage de la santé connectée.
Au-delà de l’évolution du rôle du pharmacien, l’architecture de l’officine est amenée à être totalement repensée. Car le patient est aussi client et doit trouver un repère dans l’espace. La pharmacie telle que nous la connaissons devrait évoluer rapidement pour répondre aux préoccupations quotidiennes des 30 années à venir.
L’espace sera intimement lié à l’automatisation : robot à médicaments, tapis roulants, zone de conseils, parois OTC numériques… Fini la petite officine de 30m2, place aux grands espaces ! Des surfaces bien distinctes pour que le patient se sente à l’aise. Les espaces ne seront plus surchargés par des rayons de produits en vente libre mais par des écrans tactiles sur lesquels les patients auront la possibilité de s’informer : liste de produits, informations complémentaires et comparatifs avec d’autres options disponibles en magasin… L’espace plein de boîtes devient plus apaisant, le pharmacien y gagne jusqu’à 25% de sa surface.
Dans une vision idéale, l’augmentation massive de la présence d’objets de santé connectée sera l’opportunité pour lui de devenir un assistant du médecin et un accompagnateur du patient. Il pourrait contrôler à distance et en temps réel les informations de santé de ses patients et garder le contact depuis l’officine. Cela permettrait un meilleur suivi des patients subissant des traitements lourds associés à des maladies graves.
Déjà testée aux Etats-Unis, l’impression des médicaments par une imprimante 3D deviendrait réalité. Une technologie déjà interceptée par le géant Google qui travaille actuellement sur les méthodes de diagnostic à distance. A long terme, cela pourrait permettre aux patients d’analyser depuis chez eux leurs symptômes puis de faire imprimer un médicament sur-mesure par son pharmacien.
Cette technique permettrait non seulement de résoudre le problème du recyclage des médicaments périmés mais serait aussi une réponse écologique aux questions de transport, de conservation et de gaspillage.
C’est autour de ces thématiques technologiques, sociales et éthiques que les 11 et 12 mars 2017 aura lieu le salon PharmagoraPlus. Les acteurs de la santé en officine se retrouveront lors d’une édition riche en formations, tables rondes, animations et découverte de la santé de demain. L’occasion d’approfondir le rôle de l’officine au cœur de notre système de santé, son évolution et ses attentes.
Sources:
Relisez notre dossier e-santé précédent : Les 5 évènements e-santé à ne pas manquer en 2017
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