[icon_box header= »Dossier Patients Connectés » icon= »newspaper »]Télémédecine : où en sommes-nous ?[/icon_box]
13 octobre 2017, Agnès Buzyn s’engage dans le développement de la télémédecine en France. Dans son plan de lutte destiné à réduire la fracture médicale, elle évoque les atouts de la téléconsultation qui encore au stade de l’expérimentation dans certains hôpitaux. Mais cette décision gouvernementale soulève des craintes chez de nombreux patients et docteurs. Quelles perspectives peut offrir la télémédecine dans la lutte contre la désertification médicale ? Quels sont les freins qui l’empêche d’évoluer ?
Quel est aujourd’hui le rôle de la télémédecine dans l’Hexagone ?
Coup de projecteur sur la télémédecine en France
Une piste privilégiée dans la lutte contre les déserts médicaux
Ce vendredi 13 octobre, la France a découvert les grandes lignes du plan de lutte contre les déserts médicaux proposé par le Premier Ministre Édouard Philippe et la Ministre de la Santé Agnès Buzyn. C’est à Châlus, en Haute-Vienne, qu’ils ont exprimé le souhait de vouloir « faciliter » les initiatives locales et les « organisations innovantes » dans chaque territoire. L’une des mesures les plus importantes serait d’accélérer la télémédecine.
La télémédecine, c’est quoi ?
Réglementée depuis 2009, cette technologie encore expérimentale permet au patient de consulter son médecin à distance par écran interposé.
Le Code de la Santé Publique définit la télémédecine dans l’Article L6316-1 :
« La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient. »
Il existe plusieurs types d’actes médicaux rendus possibles grâce à la télémédecine :
- La téléconsultation : comme son nom l’indique, il s’agit une consultation à distance durant laquelle le patient peut être accompagné par un professionnel de santé (qui assiste le médecin derrière l’écran).
- La téléexpertise : communication sur Internet entre deux professionnels de santé qui souhaitent échanger un avis médical. Elle permet d’avoir un second avis sur un diagnostic grâce à l’échange numérique des données du patient (scanner, radio, résultats sanguins…).
- La télésurveillance : dispositif permettant d’interpréter les données médicales d’un patient à distance pour poser un diagnostic.
- La téléassistance médicale : caractérisée par l’intervention à distance d’un médecin confrère lors de la réalisation d’un acte médical.
Mais la télémédecine, ce n’est pas seulement une technologie ! Elle pourrait devenir une solution concrète face au problème des déserts médicaux dû aux multiples départs en retraite des médecins traitants et leur non-remplacement.
Mise en application dans un cadre structuré de soin, les options seraient nombreuses : consultations à domicile grâce à l’intervention d’une infirmière équipée d’une tablette, consultation d’un centre médical à distance depuis un centre de soin plus proche…
Les freins à l’utilisation de la télémédecine
Bien que la télémédecine soit une piste privilégiée pour améliorer notre système de soins, elle reste néanmoins rarement utilisée. Pour preuve, seulement 2% des Français auraient déjà expérimenté des vidéos-consultations et la sécurité sociale enregistre seulement 0,3% de consultations dispensées en actes de télémédecine.
Une majorité des Français y sont pourtant favorables : données sécurisées, réduction des délais de prise en charge, facilité de l’accès aux soins, diminution des déplacements… Les avantages ne sont plus à prouver.
Les obstacles de la télémédecine
Avec un délai estimé à 18 mois en moyenne, les demandes pour obtenir une autorisation auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) sont souvent rédhibitoires. De plus, peu de médecins ont encore été tenté par la télémédecine car ce type de consultation demande un investissement en temps plus important. Un inconvénient qui n’en sera désormais plus un à compter de 2018, car le gouvernement a décidé de récompenser financièrement les praticiens qui se lanceront dans l’aventure de la télémédecine.
Enfin, dernier frein, la télémédecine nécessite une couverture internet de qualité indispensable pour assurer la liaison entre le médecin et le patient. Or de nombreuses zones rurales n’en disposent pas. Des territoires qui sont d’avantage touchés par la désertification médicale et par le vieillissement de la population.
Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au Numérique, s’est alors engagé au nom du gouvernement à la résolution de ce problème majeur en affirmant que le pays devrait être couvert entièrement en « bon haut-débit dès 2020 et en très haut-débit dès 2022 ».
Et la relation patient-médecin ?
Développer des centres de télémédecine dans les territoires sous-médicalisés, parcours de soin hyper-connecté (chatbots, intégration de l’intelligence artificielle)… Le secteur de la santé se numérise pas à pas. Mais les patients craignent aujourd’hui la déshumanisation de la relation privilégiée qu’ils entretiennent avec leurs praticiens. Bien qu’elle pourrait gagner en qualité, beaucoup craignent qu’elle soit écrasée par les objectifs de rentabilité du gouvernement. Une médecine sans médecins est-elle réaliste ? Un sujet sensible où les experts manquent encore de visibilité sur le long terme.
Sources:
- Qu’est-ce que la télémédecine, que le gouvernement veut développer ? (RTL)
- Code de la santé publique – Article L6316-1 (Legifrance.gouv.fr)
- La télémédecine, solution aux déserts médicaux? « Elle pourra attirer les médecins traitants » (BFM TV)
- [Carte] Médecins : face à la diagonale du vide (Le Dauphiné)
- Déserts médicaux : accélérer la télémédecine et les stages en cabinets (France info)
- Patients, médecins et machines : un trio qui fait bons méninges ? (Orange)
Relisez notre dossier e-santé précédent : E-santé : les français sont-ils prêts ?.